— Si elle a tort ! s’écriait alors Bertram. Mais qui en doute ? Il suffit d’avoir un cœur pour n’en pas douter. Et Adela répondait : En effet, il suffit d’avoir un cœur pour n’en pas douter.
— Elle n’a pas de cœur, reprenait Bertram. Elle est belle, gracieuse, spirituelle, charmante. Elle a tout ce que doit avoir une femme, moins le cœur, — moins le cœur. Puis il détournait le visage, et Adela le voyait passer brusquement la main sur ses yeux.
Que pouvait-elle faire, sinon pleurer aussi ? Et tout homme ne sait-il pas, — toutes les femmes le savent, — combien sont dangereuses de telles larmes ?
Pendant son séjour à Hurst-Staple, Bertram alla donc souvent à West-Putford pour voir Adela ; mais il remarqua qu’Adela ne venait guère au presbytère d’Arthur, et que celui-ci, de son côté, n’allait que fort rarement à West-Putford.
Il était évident pourtant que les deux familles étaient dans les mêmes bons rapports que par le passé. Adela voyait constamment Mary et Sophie Wilkinson ; le vieux M. Gauntlet dînait fréquemment à Hurst-Staple, et Arthur Wilkinson ne semblait éprouver aucune gêne en parlant de lui. Mais Bertram ne voyait Adela que chez elle, et, bien qu’il y eût dîné avec les demoiselles Wilkinson trois ou quatre fois, Arthur n’avait été qu’une seule fois de la partie.
— Êtes-vous donc brouillés, Arthur et vous ? dit-il un jour en riant à Adela.
— Oh ! non, nullement, répondit-elle, mais elle ne put s’empêcher de rougir vivement, et Bertram