Alors Bertram crut comprendre pourquoi Adela ne se mariait pas non plus, et il se demanda si tout le monde avait donc aussi peu de cœur que sa Caroline. Se pouvait-il qu’Adela elle-même eût refusé de se risquer dans le mariage jusqu’à ce que son futur mari fût en possession d’un bon et solide revenu ? Mais, s’il en était ainsi, que signifiait l’ardente sympathie qu’elle lui avait témoignée ? Pourquoi Arthur et elle s’évitaient-ils ? Était-ce Arthur Wilkinson qui était lâche ?
Bertram ne parla pas de tout ceci à ses deux amis, car ni l’un ni l’autre ne lui avaient confié leurs peines, — si toutefois ils avaient des peines. Il ne chercha pas à pénétrer leurs secrets. Il avait parlé en l’air, et le peu qu’il savait, il ne l’avait appris que par hasard. Mais il fut moins discret en ce qui le touchait personnellement. Il leur parla ouvertement de son amour ; il en parla quelquefois à Arthur et très-souvent à Adela.
Les conversations avec Adela auraient toujours pu se résumer ainsi : Pourquoi, pourquoi donc Caroline ne ressemble-t-elle pas davantage à Adela ? Des deux, Caroline était, à n’en pas douter, la plus belle, la plus intelligente et la plus séduisante ; mais qu’est-ce que la beauté, le talent et la grâce sans le cœur ? Et Bertram était convaincu qu’Adela avait le cœur tendre.
Cette année-là, il ne retourna plus à Littlebath. Il fit peut-être bien, — bien ou mal, c’est selon. S’il y eût été dans les dispositions où il était, il aurait certainement rompu avec mademoiselle Waddington. Mais, au lieu d’accepter l’invitation de mademoiselle Baker