Aller au contenu

Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rupture. Je ne pouvais vous contraindre à m’épouser, mais je vous aimais trop, et j’avais trop de confiance en votre amour pour songer à renoncer à vous. Peut-être ai-je eu tort.

« Pendant ce triste intervalle, je reste maître de mes actions. Si vous aviez consenti à m’épouser, tout mon temps vous eût appartenu, et vous auriez eu le droit de m’en demander l’emploi. Chacun de nous aurait su tout ce qui concernait l’autre. Mais vous n’avez pas voulu qu’il en fût ainsi, donc je vous dénie le droit d’interroger. Si je n’ai pas tenu tout ce que vous espériez de moi, ne vous en prenez qu’à vous-même.

« Vous avez dit que je vous négligeais. Je suis prêt à vous épouser demain. Depuis notre engagement, j’ai toujours été prêt à vous épouser, et vous le savez mieux que personne. Je ne prétends pas être un amoureux aux petits soins ; j’admets même que ce rôle m’ennuierait, si ce long retard ne faisait pas bien plus que de m’ennuyer. En tout cas, je ne m’y engage pas. Je vous ai aimée, je vous aime sincèrement. Je vous l’ai dit dès que je l’ai su moi-même, et je vous ai fait ma cour jusqu’au jour où j’ai obtenu une réponse définitive. Vous m’avez accepté, et il n’est pas besoin d’autre chose jusqu’à ce que nous soyons mariés.

« Mais j’exige que vous ne parliez pas de mes affaires à des personnes qui vous sont étrangères.

« Vous lirez ma lettre à votre tante. Je lui écris que j’irai la voir à Littlebath aussitôt mon arrivée en Angleterre.

« Votre affectionné,
« G. B. »