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Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/339

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Cette lettre consterna Caroline. Elle ne pouvait pas croire qu’elle ! elle ! Caroline Waddington, pût recevoir une pareille lettre d’un homme. Malséant ! indélicat ! telles étaient les épithètes que lui adressait son amoureux. Il lui disait que cela l’ennuierait d’être aux petits soins, et que son inconduite était le résultat des délais qu’elle avait imposés. Il se montrait en outre impérieux : « J’entends, j’exige, » c’était ainsi qu’il parlait. Était-elle tenue d’obéir à ses ordres ?

Elle montra naturellement cette lettre à sa tante, qui lui conseilla fort sagement de se résigner à l’affront en silence, si elle n’avait pas pris son parti de renoncer à George. Par contre, si elle voulait reprendre sa liberté, cette lettre lui en fournissait l’occasion.

Harcourt vint la voir au moment même où son indignation était au comble. Il se montra si sympathique, si doux, si empressé, que Caroline ne put faire autrement que de le bien accueillir. Si George l’aimait, s’il tenait à la diriger, s’il voulait la persuader, pourquoi n’était-il pas auprès d’elle ? M. Harcourt était là au lieu de George. Si nombreuses que fussent ses occupations, il ne trouvait pas, lui, que ce fût ennuyeux d’être auprès d’elle et aux petits soins.

Ce fut alors que Caroline commit la première grande faute dont nous aurons à la blâmer. Elle montra à Harcourt la lettre de George. Il va sans dire qu’elle ne le fit qu’à la suite d’une longue conversation, après qu’il eut découvert qu’elle avait du chagrin et qu’il lui en eut demandé la cause. Alors elle lui avoua qu’elle était malade de chagrin, qu’elle ne savait ce qu’elle