vaient sur les bords de la Tamise à Richmond. George aimait ce lieu, et y entraînait toujours Harcourt chaque fois que celui-ci lui proposait de passer quelques heures ensemble.
Harcourt paraissait résolu à parler de Caroline. Bertram, qui était loin d’être en belle humeur, lui avait donné à entendre assez clairement que cette conversation ne lui plaisait pas. Il semble qu’en pareille matière Harcourt eût dû lui laisser prendre l’initiative. Un homme qui va se marier parlera souvent de sa future à son ami ; mais, d’ordinaire, l’ami ne se permettra d’amener la conversation sur le sujet de celle-ci, qu’autant que cela paraîtra convenir au futur.
En cette occasion, Harcourt s’obstina à parler de mademoiselle Waddington, et Bertram, qui lui avait déjà fait quelques réponses très-brèves, commençait à le trouver presque impertinent.
Ils étaient au dessert. Bertram s’étendait sur l’énormité qu’avait commise sir Robert Peel en coupant l’herbe sous les pieds aux whigs, et récitait à ce propos un passage d’un nouveau pamphlet qu’il allait publier, quand Harcourt l’interrompit encore une fois pour dire :
— À propos, le jour de votre mariage n’est pas encore positivement fixé, n’est-ce pas ?
— Non, répondit brusquement Bertram, il n’y a pas de jour fixé. Quoi de plus ignoble que la façon dont il a pris soin d’imposer Cobden au nouveau ministère ? Aurait-il jamais donné lui-même la moindre place à Cobden s’il était resté au pouvoir ?