été grondé, et il cherche à détourner sa colère, afin d’éviter le châtiment ; un serviteur en fait autant à l’égard de son maître, un inférieur à l’égard de son supérieur ; mais quand on demande pardon à un égal, c’est qu’on reconnaît et qu’on regrette le tort qu’on lui a fait. Un pareil aveu et un pareil regret ne seront jamais provoqués par la sévérité et la rudesse. Caroline, en regardant et en écoutant George, ne se sentit pas disposée à s’agenouiller — pas même en esprit. Loin de là, elle rappela toute sa dignité, et, toute malheureuse qu’elle était au fond du cœur, elle s’assit tranquillement, sans que rien vînt trahir sa douleur.
— Cela est-il vrai, Caroline ? Je ne croirai une pareille chose que si vous me le dites vous-même.
— Oui, George ; cela est vrai. J’ai montré votre lettre à M. Harcourt.
Bertram avait été si dur, qu’elle ne daigna pas ajouter un mot d’excuse.
Il était resté jusque-là debout ; mais, à ces derniers mots, il se laissa tomber sur une chaise et se cacha le visage dans les mains. Même alors, il était temps encore ; elle aurait pu s’attendrir et il aurait pu se laisser apaiser, et tout pouvait s’arranger !
— J’étais bien malheureuse, George ; cette lettre m’avait fait bien du chagrin, et je ne savais où chercher du secours.
— Comment ! s’écria-t-il, en se redressant soudain devant elle et en laissant éclater un orage de passion et de fureur auprès duquel sa colère passée semblait du calme, — comment ! ma lettre vous avait rendue