que lady Ruth, que mademoiselle Todd se serait contentée d’en rire. De sorte que mademoiselle Baker aurait pu être très-heureuse, si elle n’avait été péniblement préoccupée de la conduite de son amie vis-à-vis de sir Lionel.
Les choses continuèrent ainsi pendant quelque temps. Souvent une exclamation irritée ou un sourd grognement partait de quelque coin du salon ; mais personne n’y faisait attention : c’était l’usage de Littlebath. Pour un étranger qui n’aurait pas pris part au jeu, le spectacle eût été singulier. Tout le monde jouait, sauf madame Flounce, qui demeurait immobile derrière son thé et ses gâteaux. La société ne se composait pas exactement de groupes de quatre. Il y avait deux personnes en surplus : deux dames d’âge mûr, une veuve et une vieille fille. Celles-là étaient les plus heureuses de toutes, ou du moins les plus silencieuses, car elles n’avaient pas de partenaire à gronder. Elles s’étaient mises dans un coin et faisaient un double-mort.
Pour un étranger, dis-je, le spectacle eût été curieux. On se figure généralement que l’ennui dévore l’existence de toutes ces vieilles femmes anglaises auxquelles le sort a refusé les soucis et les fardeaux ordinaires de ce monde ; c’est là une erreur. Il n’y avait point d’ennui dans ces salons de Littlebath. Aucun spéculateur de Bourse n’aurait pu suivre son affaire avec plus d’ardeur que ces dames n’en mettaient à leur jeu. Il y avait les grondeuses et les grondées. Il y avait des âmes fermes qui restaient silencieuses ; il y