Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/49

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Je paye ce dont j’ai besoin et je ne dois rien à qui que ce soit. Mais il faut que je donne cette cure à quelqu’un.

— Sans doute ; il faudra bien que vous nommiez quelqu’un, mylord. — Wilkinson s’aventura jusque-là, voyant que le marquis attendait une réponse.

— Tout ce que je peux dire, c’est, que, si les curés du Hampshire font aussi mal leur besogne que ceux de ce pays-ci, la paroisse n’aurait qu’à gagner à ne point avoir de curé.

— J’estime que mon père faisait son devoir.

— Peut-être. Il avait peu à faire, et, comme je ne résidais pas là-bas, personne ne le surveillait. Cependant je ne m’en plains pas. Ici, ils sont intolérables, — intolérables, impertinents, suffisants, voulant toujours faire à leur tête ; l’évêque est un imbécile ; quant à moi, je ne mets jamais les pieds dans une église. Je ne le pourrais pas, on m’y insulterait. Les choses sont allées si loin, que je me propose de mettre la situation sous les yeux de la Chambre des Pairs.

Que pouvait dire Wilkinson ? Rien. Il resta donc muet, et tâcha seulement de ramener un peu de chaleur à ses pieds en les pressant fortement contre le parquet.

— Votre père aurait dû assurer le sort de sa famille, reprit lord Stapledean. Mais enfin il ne l’a pas fait, et il me semble que, si l’on ne prend quelque arrangement, votre mère et ses enfants devront mourir de faim. Vous êtes ecclésiastique ?

— Oui, je suis dans les ordres.

— Et apte à prendre une cure ? Vous comprenez