Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/66

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comme je vous ai dit tout le reste. J’espère que je n’ai pas mal fait.

— Oh ! non, pas du tout.

— Il est triste pour moi de songer que je ne serai jamais libre.

Jamais, monsieur Wilkinson !

Si Arthur avait su le comprendre, il y avait des consolations, il y avait de la sympathie dans cette exclamation : Jamais ! Si son intelligence eût été en éveil autant que son cœur, il l’aurait su. Mais le mot passa inaperçu de lui comme il avait été involontaire chez elle, et elle n’en ajouta pas un autre qui pût l’encourager. Puisqu’il montrait de la froideur, elle saurait montrer une froideur égale.

— Jamais, tant que ma mère vivra, et nous pouvons espérer de la conserver longtemps. Et puis il y a mes sœurs. Mon devoir envers elles est le même qu’envers ma mère, bien qu’à leur égard je ne sois lié par aucun engagement.

— Nous ne pouvons pas avoir tout ici-bas, dit Adela en s’essayant à sourire. Mais je n’ai pas besoin de vous apprendre cela.

— Non, on ne peut pas tout avoir.

— Vous serez heureux de penser que vous rendez votre mère heureuse et vos chères sœurs… et…je ne doute pas que vous ne vous y accoutumiez. Beaucoup d’ecclésiastiques, vous le savez, s’abstiennent, par devoir, du mariage.

— Moi, je n’en avais pas pris mon parti.