Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/81

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au moins il en gravissait les degrés. À vingt-deux ans, il faisait son métier d’homme ; il commençait dès-lors à amasser et à durcir, en le pétrissant, le noyau primitif de cette boule de neige d’argent qu’il avait toujours roulée devant lui jusqu’à ce qu’elle fût devenue une masse énorme — destinée peut-être à se fondre et à s’écouler comme une eau bourbeuse en moins de temps encore. Il ne pouvait pas blâmer son neveu, il ne pouvait pas le taxer de paresse comme il l’eût fait volontiers, si l’occasion l’y avait autorisé ; mais, du moins, il ne daignerait pas lui faire compliment sur ses succès en grec ou dans les mathématiques.

— Eh bien ! George, dit-il en poussant la bouteille à son neveu quand ils furent au dessert ; je pense que te voilà quitte d’Oxford.

— Pas tout à fait, mon oncle. J’ai encore mon agrégation à obtenir.

— Quelques misérables cinq mille francs de traitement, je pense. Ce n’est pas que tu ne doives t’estimer très-heureux de les obtenir, ajouta-t-il pour effacer l’impression que ses paroles auraient pu produire. Puisque tu as mis tant de temps à y parvenir, il vaut mieux avoir cela que rien. Mais parce que tu es agrégé, tu ne seras pas obligé de résider à Oxford, je pense.

— Non, mais il est possible que j’entre dans les ordres.

— Ah ! l’Église ! Bien ! bien ! c’est une profession très-respectable ; seulement on y travaille pour rien.

— Plût à Dieu qu’il en fût ainsi ! Si nous avions le système volontaire