Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/82

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— Tu peux l’avoir, si tu veux ; je sais que les ministres dissidents…

— Pour rien au monde, je ne quitterai l’Église anglicane.

— Tu es donc décidé à te faire prêtre ?

— Oh ! non… pas décidé. À vrai dire, je crois que, lorsqu’on veut bien travailler, il vaut encore mieux être avocat.

— Sans doute, si l’on a le talent particulier qu’il faut.

— Mais voilà ! je me demande si un avocat plaidant peut être tout à fait honnête homme.

— Comment dis-tu ?

— Les avocats ont une vilaine besogne parfois. Ils passent leur temps à faire paraître blanc ce qui est noir, ou, pis encore, à noircir ce qui est blanc.

— Bah ! un peu plus de charité, maître George, et ne sois pas ultra-vertueux. Les plus grands hommes de ton pays ont été des avocats.

— Mais qu’ils aient été de grands hommes, cela ne change rien à la chose, et ma charité n’y changera rien non plus. Quand deux hommes intelligents se font payer pour plaider l’un contre l’autre, les deux ne peuvent pas croire qu’ils ont raison.

— Ta, ta, ta ! Mais je ne tiens pas à ce que tu sois avocat. Il faut que tu fasses à ton idée. Si cette façon de gagner ton pain ne te plaît pas, il y en a d’autres.

— On peut encore être médecin… mais ce ne serait pas encore mon goût.

— Et c’est là la fin de ta liste ?