Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/85

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— Et en attendant, tu comptes vivre de ton traitement d’agrégé, je suppose.

— De cela, et de tout ce que je pourrai avoir d’ailleurs.

M. Bertram resta silencieux pendant quelque temps, et George, de son côté, semblait disposé à se livrer à ses réflexions.

— George, dit enfin l’oncle, il vaut mieux que nous nous entendions nettement. Tu es un bon garçon à ta manière, et je t’aime assez ; mais il ne faut pas que tu te mettes dans la tête que tu dois être mon héritier.

— Non, mon oncle, je vous le promets.

— Parce que cela te mènerait à ta ruine. Je crois que tout homme doit faire son choix lui-même comme j’ai fait le mien. Si tu étais mon fils, il est probable que je ferais comme tout le monde et que je te laisserais mon argent, et il est probable aussi que tu n’en ferais pas un meilleur usage que les fils de tant de gens qui, comme moi, ont amassé de l’argent. Mais tu n’es pas mon fils.

— C’est vrai, mon oncle, et comme cela j’échappe au danger. En tout cas, je n’ai pas de désappointement à craindre.

— J’en suis bien aise, dit M. Bertram, qui cependant, tout aise qu’il se disait, ne marqua son contentement qu’en se montrant un peu plus acerbe dans son ton. Il lui semblait dur d’avoir affaire à un neveu qui ne lui donnait aucun sujet de plainte.

— J’ai cru devoir t’avertir, reprit-il. Tu n’ignores