Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est le travail qui convient à un homme, dit son oncle avec orgueil.

— Mais je me suis toujours laissé dire, répliqua le neveu, qu’aucun homme dans notre pays ne doit songer au commerce comme carrière, s’il n’a un certain capital.

M. Bertram l’aîné, voyant que l’argument se retournait contre lui, acheva sans mot dire son verre de vin et se remit à tisonner le feu.

À quelques jours de là, le sujet revint sur le tapis.

— Il faut que tu fasses ton choix tout seul, George, dit le vieillard, et il faut le faire promptement.

— Si je ne consultais que mon goût, — ce qui n’est pas possible, car il faut tenir compte des circonstances, — si je ne consultais que mon goût, je voudrais entrer au Parlement.

— Entrer où ?… s’écria M. Bertram, à qui il eût semblé tout aussi raisonnable d’entendre dire à son neveu qu’il se proposait de louer une maison dans Belgrave-Square comme moyen de gagner sa vie.

— Au Parlement, mon oncle.

— Est-ce que le Parlement est une profession ? Je ne m’en doutais pas.

— Ce n’est pas une profession à gagner de l’argent sans doute, et je serais désolé qu’il en fût autrement.

— Et quel est le comté, quel est le bourg auquel tu comptes faire l’honneur de le représenter ? L’Université te nommerait peut-être.

— Peut-être bien, un de ces jours.