Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/128

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— Ne criez donc jamais, ma chère. Quand vous faites cela, je n’entends plus rien. Cela fait seulement un bruit comme un chien qui aboie. Vous trouverez les jeunes gens de Littlebath très-gentils, mademoiselle Gaunt. Ils sont un peu nuls, — mais je crois qu’en général les jeunes filles les aiment mieux comme cela.

Adela ne se crut pas obligée de répondre à Cette observation, puisque, ce n’était pas à son tour d’emboucher le cornet.

— Avez-vous quelques nouvelles à nous dire, madame ? demanda mademoiselle Todd. L’important était d’arriver à faire causer madame Leake au lieu d’avoir à lui parler.

— Faire rire ? Non, je ne pense pas qu’ils fassent rire personne ; ce n’est pas leur affaire d’être amusants. Je pense qu’ils savent danser, pour la plupart ; et ceux qui ont quelque argent peuvent faire des maris, tels quels. Il ne faut pas être trop difficile, n’est-ce pas, mademoiselle Gaunt ?

— Mademoiselle Gaunt — let, souffla à voix basse mademoiselle Todd dans le cornet, en séparant les syllabes de son mieux, afin qu’elles ne se confondissent pas en frappant le tympan rebelle de madame Leake.

— Let, let, let ! qu’est-ce que vous dites ? Je crois vraiment que j’entends tout le monde mieux que vous, mademoiselle Todd. Je ne sais pas comment cela se fait, mais il me semble que je n’entends jamais les gens de la ville aussi bien que les personnes de ma société. Affaire d’habitude, sans doute.

— À la campagne, on est peut-être plus habitué aux