Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/13

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« Sur ce point-là, je suis décidée ; jamais je ne l’épouserai. Je ne vous dis ceci que pour vous empêcher de faire d’inutiles efforts pour nous réunir. Je suis convaincue que jamais il ne tentera un rapprochement : sa fermeté égalera la mienne.

« Et maintenant adieu, chère Adela. Je vous ai ouvert mon cœur ; je vous ai dit, autant que cela m’est possible, mes sentiments. Une longue lettre de vous me fera plaisir, si vous voulez bien vous conformer à ma prière.

« Cette lettre est des plus égoïstes, car il n’y est question que de moi. Mais, pour cette fois, vous me pardonnerez.

« Votre amie affectionnée,
« Caroline. »

« P. S. Je n’ai rien dit à ma tante, si ce n’est que le mariage est rompu ; et elle a eu la bonté, — l’extrême bonté de ne pas me faire de questions. »


Adela était toute seule à West-Putford lorsqu’elle reçut cette lettre. En ce temps-là, elle y était presque toujours seule. Il était évident qu’il fallait répondre sur-le-champ à Caroline. Mais que dirait-elle ? Elle se décida bientôt tout en versant d’abondantes larmes, tant sur le sort de son amie que sur le sien. Caroline avait tenu, elle tenait encore probablement son bonheur entre les mains, et elle allait le laisser perdre ! Quant à Adela elle-même, le bonheur n’avait jamais été à sa portée. « Être sa servante, se répétait-elle en relisant la lettre. Oui, sans nul doute, elle devrait l’être, s’il le