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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/14

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désire. Ce serait ensuite à elle de lui faire, voir qu’elle pourrait être pour lui plus et mieux que cela ! »

Adela ne fut pas longue à se former une opinion. Caroline, selon elle, avait tort sur tous les points, et d’après son propre dire. En ces sortes d’affaires les femmes se condamnent volontiers entre elles. Adela ne tint pas compte de ce qu’on lui disait de la dureté de Bertram ; elle n’apprécia pas assez la générosité avec laquelle son amie parlait de l’homme qui la repoussait : elle ne vit que la grande faute commise par Caroline. Comment avait-elle pu se laisser aller ainsi à parler sur un pareil sujet avec M. Harcourt, — avec un jeune homme ? Et comment avait-elle pu surtout en arriver à lui montrer cette lettre ? Le soir même, Adela fit la réponse suivante :


West-Putford, samedi soir.
« Chère Caroline,

« Votre lettre m’a fait bien de la peine. Je crois vraiment avoir plus souffert à la lire que vous à l’écrire. Vous me faites une prière à laquelle je ne peux ni ne veux me rendre. Je ne puis vous dire la vérité telle que je la comprends. Si je ne fais pas cela, comment écrire ?

« J’admets qu’il est inutile que je vous fasse valoir l’intérêt de votre propre bonheur ; mais il y a autre chose à considérer. Il est une chose que vous devez faire passer avant cela. Que vous ayez, ou non, rompu avec M. Bertram, il n’en est pas moins vrai qu’après ce qui s’est passé entre vous, son bonheur doit être votre première préoccupation.