Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/147

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dées, et à compter les porcelaines et les vases qui devaient décorer ses salons, jusqu’à ce que le sommeil revînt ; mais, endormant, elle le revoyait en songe. Ah ! si elle eût pu ne pas se réveiller !

Le matin venu, elle descendait pour le déjeuner sans que le moindre souci apparût sur son visage. Elle soignait toujours minutieusement sa toilette, même quand son grand-père devait être seul à la voir. Elle était toujours bien coiffée, et ses robes étaient faites à la dernière mode. Sa destinée était d’être lady Harcourt, une des étoiles du grand monde, et elle avait résolu d’entreprendre de bonne grâce ses nouveaux devoirs.

C’est ainsi que de semaine en semaine, de jour en jour, elle se prépara au sacrifice.

Mademoiselle Baker retourna tout naturellement à Hadley quelques jours avant la cérémonie. La mort si récente de son père servit d’excuse à Adela pour ne pas être présente. À défaut d’une raison de ce genre, il lui aurait fallu jouer le rôle de demoiselle d’honneur. Il valait mieux, pour Caroline, comme pour elle, que ce devoir pénible lui fût épargné.

Les demoiselles d’honneur furent choisies à Londres ; elles étaient huit. Ce n’étaient point des amies intimes de Caroline, — qui, à vrai dire, n’avait jamais été portée à se faire des amies intimes. Les circonstances avaient fait naître l’amitié entre elle et Adela, bien qu’elles se ressemblassent si peu. Mais Caroline n’avait pas d’autres amies, et elle n’en avait pas éprouvé le besoin.

Cela était peut-être heureux pour elle aujourd’hui.