gner au registre, et chacun remarque que jamais signature ne fut tracée d’une main plus ferme que celle de Caroline Waddington.
Il n’y avait plus de Caroline Waddington. La chose était bien réellement faite. Les serments avaient été échangés. Elle avait pris cet homme pour époux, pour vivre avec lui, selon l’ordonnance de Dieu. Elle avait juré de lui obéir, de le servir et de… Ah ! comment n’était-elle pas morte quand on lui avait dit ce dernier mot ? Comment avait-elle pu vivre assez pour prononcer ce faux serment ?
Mais ce n’était point à l’église, en face de l’autel, que la lutte avait eu lieu chez elle. Là, elle ne fit que réciter son rôle, ainsi que le font les reines de théâtre. Elle le joua bien, voilà tout. Les mots qu’elle prononça alors n’avaient pour elle aucun sens. Ses lèvres remuèrent, mais elle ne fit point de serment. Le serment avait été prêté d’avance.
Il est à croire qu’aucune femme bien élevée ne marche à l’autel en qualité d’épousée sans avoir lu et relu ces paroles sacramentelles de façon à ce qu’elles s’impriment dans sa mémoire. Ce sont là des vœux solennels, et il est bon qu’une femme sache à quoi elle s’engage. Caroline les avait bien étudiées. Elle vivrait avec lui selon l’ordonnance de Dieu, — c’est-à-dire comme sa femme ? — Oui, elle était prête à faire cela. Elle lui obéirait ? — Oui, s’il lui demandait obéissance, elle la donnerait. Elle le servirait ? — Certainement ; de son mieux, de corps et d’âme. Elle l’aimerait ? — Non ; elle était hardie du moins, si elle n’était pas loyale. Non,