Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/152

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elle ne pouvait pas l’aimer. Mais qu’elles sont peu nombreuses celles qui, en se mariant, observent tous ces commandements ! Combien en est-il qui sont rebelles, désobéissantes, négligentes ! Ne pourrait-elle, de son côté, excepter un seul point ? Ne lui serait-il pas permis d’être parjure en une chose, si elle était fidèle en tant d’autres ? Elle le respecterait, car le respect lui était possible ; elle le garderait en maladie comme en santé, et, à l’exclusion de tout autre, — oui, de tout autre, pour ce qui était du corps certainement, et pour le cœur aussi, si Dieu lui envoyait le repos, — elle se garderait pour lui seul, son époux. Elle s’était juré tout cela avant d’aller à l’église, — tout, avec cette seule exception qu’on sait.

Sir Henry, de son côté, jura aussi ; il prêta un serment léger, insouciant, que pourtant il entendait observer dans toutes ses parties. Il vivrait avec sa femme, il lui donnerait amour, protection et le reste, et elle ferait très-bon effet, en robe de velours noir, au haut bout de la table.

Les cloches joyeuses continuèrent à sonner pendant le retour de l’église et jusqu’à ce qu’on fût descendu de toutes les belles voitures, à la porte de la maison de M. Bertram.

Quand ils rentrèrent dans la salle à manger, le vieillard vint à leur rencontre pour les bénir. Il était trop infirme pour aller à l’église, et il n’avait vu personne avant la cérémonie ; mais maintenant que la chose était faite, il était là, lui aussi, dans sa plus belle toilette, avec son habit neuf qui n’avait pas plus de douze ans,