Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/154

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faire cela. Je vous félicite donc de tout mon cœur, lady Bertram — Harcourt, veux-je dire. Et maintenant, allons manger un morceau.

Telle fut la bénédiction de ce vieillard qui connaissait et comprenait si bien le monde.

Il n’entrait pas dans le programme que sir Henry et sa femme prissent part au déjeuner de noces. C’est, une habitude qui est passée de mode aujourd’hui, et qui n’aurait jamais dû exister, ils avaient fait, ou ils allaient faire leur repas particulier, et la compagnie ne devait plus les revoir. On avait en vain essayé de faire comprendre cela à M. Bertram ; de sorte que, quand Caroline l’embrassa à la suite de son petit discours et lui dit adieu, il parut tout surpris.

— Quoi ! partir, avant le déjeuner ! À quoi bon le déjeuner alors ? Il avait pensé, en commettant cet acte de prodigalité, qu’il donnait un dernier repas au solliciteur général. Mais il avait encore une prodigalité à faire, à laquelle il n’avait pu se décider qu’au dernier moment, mais à laquelle il se décida pourtant.

— Sir Henry, sir Henry, dit-il en se traînant vers une embrasure de fenêtre. Tenez ; vous allez dépenser des tas d’argent pour elle en voyageant, et je trouve que vous vous êtes bien conduit ; tenez ; et il lui glissa dans la main un morceau de papier. Mais rappelez-vous que c’est le dernier. Et, sir Henry, n’oubliez pas les intérêts des soixante-quinze mille francs — régulièrement. — Vous entendez, sir Henry ?

Sir Henry fit un signe de tête affirmatif, remercia, mit le chiffon de papier dans sa poche et