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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/185

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certain point — et elle croyait voir qu’il avait mené un jeu double entre deux femmes pour finir par l’abandon de celle qui était la moins riche. Il ne lui était pas venu à l’idée qu’après avoir offert de l’épouser, il irait se proposer à mademoiselle Baker. Si elle avait pu prévoir pareille chose, il est certain qu’elle aurait laissé celle-ci prendre sans molestation sa chance d’un mari.

Mademoiselle Baker poussa un long soupir. Maintenant que mademoiselle Gauntlet était partie, elle se sentait un peu plus à l’aise pour parler, mais, malgré tout, il lui semblait bien difficile de répondre. Du fond de son excellent cœur, elle pardonna tout de suite à mademoiselle Todd. Entre son amie et ce perfide, il ne devait pas y avoir de mariage ; donc, la glace une fois rompue, elle ne demandait pas mieux que de causer de tout cela. Mais comment rompre la glace ?

— J’ai toujours pensé qu’il le ferait, dit-elle enfin.

— Vraiment ? reprit mademoiselle Todcl. C’est certain qu’il venait très-souvent, et je ne savais trop pourquoi. Quelquefois je m’imaginais que c’était pour me parler de vous.

— Oh non ! dit mademoiselle Baker d’une voix plaintive.

— Je ne lui ai pas donné le moindre encouragement, pas le moindre ; je l’envoyais à droite, à gauche, je cherchais à m’en débarrasser de mille manières. Quelquefois j’ai pensé… Ici mademoiselle Todd hésita.

— Vous avez pensé… quoi donc ?