Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/186

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— Voilà ! je ne voudrais pas être malveillante ; mais, s’il faut parler franchement, j’ai quelquefois pensé qu’il voulait m’emprunter de l’argent et qu’il ne savait trop comment s’y prendre.

— Emprunter de l’argent ?

— Je n’en sais rien ; je vous dis seulement l’idée qui m’est venue. Il ne m’a jamais rien emprunté.

Mademoiselle Baker soupira de nouveau, et il y eut une courte pause dans la conversation.

— Mais, mademoiselle Todd…

— Eh bien ! ma chère ?

— Pensez-vous que…

— Si je pense que… Quoi ? Allons, ma chère, parlez-moi franchement ; vous le pouvez. Si vous avez quelque secret, vous, je vous le garderai.

— Mon Dieu ! je n’ai pas de secret… seulement ceci : croyez-vous que sir Lionel soit… soit pauvre… assez pour avoir besoin d’emprunter de l’argent ?

— Pauvre ? voilà ! je ne sais pas au juste ce que vous appelez pauvre. Tout le monde sait qu’il est gêné. Je pense qu’il a un bon revenu, mais qu’un peu d’argent comptant ne lui ferait pas de mai. Enfin, il est certain qu’il est endetté jusqu’aux oreilles.

Une nouvelle lumière sembla poindre dans l’esprit de mademoiselle Baker. — Je le croyais si respectable, dit-elle enfin.

— Hum-m-m ! fit mademoiselle Todd, qui avait de l’expérience.

— Eh ? fit mademoiselle Baker, qui n’en avait pas.