Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/197

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fée, vous dis-je. Telle fut la réponse de M. Bertram à cette question.

— Mais je ne savais que dire avant de vous avoir consulté, reprit mademoiselle Baker en se cachant le visage dans son mouchoir.

— Vous ne saviez que dire ? Comment ! ne savez-vous pas que c’est un escroc, un mauvais sujet, un aventurier sans le sou ! Seigneur Dieu ! Êtes-vous sotte à ce point ? Il est vraiment heureux que vous ne restiez pas toute seule à Littlebath.

Mademoiselle Baker ne chercha pas à se défendre ; elle fondit en larmes et promit à son oncle de se laisser absolument guider par lui. Sous sa dictée, elle écrivit à sir Lionel la courte réponse que voici :


« Hadley, janvier 181…
« Monsieur,

« M. Bertram dit qu’il me suffira de vous prévenir qu’il ne me donnerait pas un sou de son vivant, et qu’il ne me léguerait pas un sou à sa mort, si je devenais votre femme.

« Votre très-dévouée,
« Mary Baker. »


Le vieillard ne voulut pas qu’elle écrivît un seul mot de plus ; mais, en pliant la lettre, elle trouva moyen d’ajouter en cachette un tout petit post-scriptum pour expliquer les choses. La pauvre femme se servit des premières expressions qui lui vinrent à l’esprit.

« Il est si furieux de tout ceci ! »