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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/201

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— le travail sévère, constant, inexorable, ce grand remède à toutes nos douleurs, et l’unique moyen de nous résigner aux décrets de Dieu.

Il se mit donc au travail ; — non pas à ce travail qui consiste à lire d’une façon distraite et paresseuse un nombre voulu de pages, à faire de l’histoire à raison de deux volumes par semaine, ou de la science à raison d’un traité par jour, mais au travail le plus sérieux dont il se sentît capable, en y mettant toute sa force et toute son intelligence. Ce qu’il avait déjà publié l’avait fait connaître, mais il avait jusque-là écrit avec négligence et sous l’empire d’influences passagères, sans se préoccuper suffisamment de la forme, et sans avoir assez mûri ses conclusions. Il avait publié des choses dont il s’était senti honteux depuis, et il avait émis d’un ton magistral et dogmatique des idées qui n’étaient déjà plus les siennes. Mais il comptait s’y prendre autrement à l’avenir. Dans le temps, il avait désiré être promptement récompensé de son travail. Il s’était senti irrité à l’idée que les noms de certains de ses contemporains commençaient à être connus, et que le sien ne l’était pas. Harcourt avait déjà marqué, alors que lui n’avait fait encore qu’embrasser une profession pour l’abandonner presque aussitôt. C’étaient les précoces succès de Harcourt qui avaient fait de Bertram un auteur trop hâtif. Aujourd’hui, il comprenait que ses travaux littéraires ne lui serviraient de rien. Harcourt avait obtenu un de ces succès solides et durables dont les hommes tirent tant de jouissances, tandis que ses succès à lui n’avaient eu pour résultat