Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/214

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maison et de sa toilette, et pourtant il peut se faire qu’il lui reste encore trop de temps pour la réflexion. Sir Henry eût donné des dîners tous les jours, lady Harcourt s’en serait peut-être félicitée.

Comment se conduire ? que dire ? que faire, lorsque George Bertram serait là en convive chez elle ? Comment pouvait-il être assez cruel, assez inhumain pour faire une chose pareille ? Le chemin de la vie était déjà si rude pour ses pauvres pieds meurtris ! Il devait savoir cela — il aurait dû le savoir, du moins. Aurait-il bien le courage d’ajouter un danger de plus à tous les périls qui l’entouraient déjà ?

Le mercredi arriva, et à sept heures et demie Caroline était au salon, aussi belle et aussi digne que jamais. Il y avait un certain canapé où elle se tenait toujours. C’était son trône de déesse, où ses adorateurs venaient lui rendre hommage. Personne ne s’asseyait auprès d’elle. Elle n’avait pas ce doux attrait qui engage les hommes, et les femmes aussi, à se rapprocher. Son accueil était plein de grâce et disait beaucoup de choses, mais il disait surtout fort clairement ceci : Noli me tangere.

Le baron Brawl fut de cet avis, quand il débuta en lui disant que la renommée de ses charmes était parvenue jusqu’à lui, et qu’il était ravi d’avoir l’occasion de faire sa connaissance.

M. et madame Stistick le suivirent de près. Madame Stistick s’installa sur le canapé d’en face, et sembla croire que par là elle remplissait tous ses devoirs sociaux. C’était une grosse femme massive, au front et