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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/228

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seule où ils se rencontraient, et Adela ne souhaitait pas d’y voir revenir George.

— Je viens vous dire adieu, dit-elle, dès qu’elle put parler à George sans être entendue.

— Me dire adieu ! Vous vous en allez si tôt ?

— Je pars jeudi.

— Alors, je vous reverrai ; je reviendrai exprès pour vous faire mes adieux.

— Non, monsieur Bertram ; ne faites pas cela.

— Mais si ; certainement je le ferai.

— Non, répéta-t-elle ; et, en disant cela, elle étendit sa petite main et l’appuya doucement — si doucement ! — sur le bras de George.

— Pourquoi pas ? pourquoi ne viendrais-je pas vous voir ? Je n’ai pas tant d’amis de par le monde que je ne doive pas craindre de vous perdre.

— Vous ne me perdrez pas, et je serais, quant à moi, bien fâchée de vous perdre. Mais…

— Eh bien ?

— Devriez-vous venir du tout dans cette maison ?

L’aspect de sa physionomie changea complètement et il lui répondit rapidement et d’un ton péremptoire : — Si j’ai eu tort, la faute en est à sir Henry qui a mis de l’insistance à m’engager. Mais, du reste, quel mal y a-t-il ? Tout au plus, pourrait-il y avoir imprudence en ce qui me regarde.

— C’est là ce que j’entends. Je n’ai pas dit que vous eussiez tort. Ne pensez pas que je soupçonne le mal.

— Cela est peut-être imprudent, continua Bertram,