Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/23

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faisait un homme très-occupé, et pourtant, il trouva le temps d’aller voir son cher ami Bertram.

— Ce que j’apprends m’afflige beaucoup, dit-il en tendant la main à Bertram d’un air que celui-ci trouva presque protecteur. N’y a-t-il rien à faire ?

— Rien du tout, répondit Bertram assez sèchement.

— N’y puis-je rien ? demanda l’habile homme.

— Rien du tout, répondit Bertram plus sèchement encore.

— Je le voudrais bien. Je serais si heureux d’arranger l’affaire, si cela était possible.

— C’est une affaire qui n’admet aucune intervention, dit Bertram. J’ai peut-être eu tort de vous importuner de tout ceci, car je vous sais fort occupé, mais…

— Mon cher ami… occupé, je le suis, sans doute, mais quelle occupation peut entrer en ligne de compte avec le bonheur d’un ami ?

— Mais, continua George, nous avions si souvent causé de cette affaire ensemble, que j’ai pensé qu’il fallait vous prévenir.

— Sans doute… sans doute ; et il n’y a donc rien à faire ? Ah, mon Dieu ! c’est triste, bien triste ! Mais vous êtes le meilleur juge. C’est une charmante personne. Peut-être est-elle un peu…

— Harcourt, je préférais ne pas entendre parler du tout d’elle, et je tiens absolument à ne pas l’entendre critiquer.

— La critiquer, moi ! non, certes. Il me serait bien plus aisé de la louer. Je l’ai toujours admirée, — beaucoup admirée.