Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/247

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Elle continua à mettre lentement du beurre sur sa rôtie et à boire son thé à petites gorgées. Jusqu’à ce jour elle n’avait jamais désobéi à un ordre formel de sir Henry, et elle se demandait maintenant si elle pouvait obéir cette fois encore, ou, si cela lui était impossible, comment elle s’y prendrait pour expliquer son refus.

— Eh bien ! dit-il, pourquoi ne me répondez-vous pas ? Lui écrirez-vous aujourd’hui ?

— J’aimerais mieux ne pas écrire.

— Cela veut-il dire que vous n’écrirez pas ?

— Oui, sir Henry, malheureusement, c’est cela que je veux dire. Mes rapports avec mon grand-père n’ont pas été tels que je puisse lui écrire.

— Quelle bêtise ! dit le mari.

— Il me semble que vous n’êtes pas très-poli pour moi, ce matin.

— Comment voulez-vous qu’un homme soit poli quand il entend débiter de pareilles sottises. Vous connaissez ma position ; vous savez tout ce qu’il y a à gagner, et vous ne voulez m’aider en rien.

Caroline ne répondit pas. À quoi cela lui aurait-il servi de répondre ? Elle aussi avait jeté sa perle à la mer, et voilà ce qu’elle avait pris en échange. Il ne lui restait qu’à supporter, elle aussi, de son mieux sa misère.

— Ma foi ! il me semble que vous en prenez bien à votre aise. Vous avez l’air de croire que les maisons et les mobiliers, les voitures et les chevaux doivent pousser autour de vous sans que vous vous donniez la moin-