Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/260

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dait point faire. — Puis-je m’en aller maintenant ? dit-elle après un instant.

— Non, pas encore. Asseyez-vous, Caroline, asseyez-vous donc. Je désire vous parler. George Bertram a été ici, et il s’est passé entre vous et lui des choses dont vous avez honte de parler.

— Je n’ai pas dit cela, sir Henry, et je ne souffrirai pas que vous le disiez. Il s’est passé entre lui et moi, aujourd’hui, des choses que j’aimerais mieux ensevelir dans le silence ; mais, si vous me l’ordonnez, je vous dirai tout.

— Vous l’ordonner ! vous parlez toujours d’obéir.

— J’y suis souvent obligée. Dans des mariages comme le nôtre, il faut souvent en parler, et souvent y songer. Si vous me l’ordonnez, je vous dirai tout ; sinon, je me tairai.

Sir Henry ne savait trop que répondre. Son but avait été d’effrayer sa femme. Il s’était senti convaincu que la conversation entre George Bertram et elle avait été de telle nature, qu’elle aurait peur de la lui redire ; or, il se trouvait, au contraire, qu’elle s’offrait de lui tout rapporter s’il l’exigeait, et, en faisant cette offre, elle ne semblait nullement intimidée.

— Asseyez-vous ; donc, Caroline. Elle prit une chaise juste en face de lui. — Je pensais que vous auriez compris, vu nos positions relatives et tout ce qui s’est passé entre lui, vous et moi, que vous deviez mettre une grande mesure dans vos rapports avec lui, et en bannir scrupuleusement toute la familiarité d’autrefois.