Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/27

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— Souffrant, oui ; on doit s’attendre à souffrir à mon âge. Celui qui ne s’y attend pas est un imbécile. Ne te donne pas la peine d’en être fâché, George.

— Je crois que vous avez vu mon père assez récemment, dit Bertram, ne sachant comment s’y prendre pour engager la conversation de manière à communiquer la grande nouvelle.

— Oui, je l’ai vu, dit Bertram, qui, enfoncé dans son grand fauteuil, commença à se frotter les mains.

— Et l’avez-vous trouvé bien changé ? Il y avait bien des années que vous ne l’aviez pas vu, n’est-ce pas ?

— Pas changé du tout. Votre père ne changera jamais.

(George connaissait assez son père pour comprendre la portée de cette observation ; il changea donc de sujet et fit ce que tout homme qui a quelque chose à dire devrait toujours faire : il raconta simplement son affaire.

— Je suis venu vous voir aujourd’hui, mon oncle, parce qu’il me semble convenable que vous sachiez au plus tôt que mademoiselle Waddington et moi nous sommes convenus de renoncer à notre mariage.

M. Bertram se retourna vivement dans son fauteuil. — Comment ? s’écria-t-il. Quoi ? comment ?

— Notre engagement est rompu. Nous sommes tous deux convenus qu’il est meilleur pour nous qu’il en soit ainsi.

— Que veux-tu dire ? comment, meilleur ? comment cela peut-il être bon pour vous ? Vous êtes deux imbéciles.