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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/28

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— C’est fort possible ; nous avons été deux imbéciles. Moi, du moins, je l’ai été.

M. Bertram, toujours assis, garda le silence pendant quelques instants. Il continuait à se frotter les mains, mais il semblait absorbé plutôt qu’irrité. Il s’était enfoncé encore davantage dans le fauteuil, mais sa tête penchait en avant et reposait presque sur sa poitrine. Ses joues s’étaient creusées depuis que George ne l’avait vu, et sa bouche tombante donnait quelque chose de triste et de pensif à son visage, où se peignait, en outre, une expression de vive douleur Bertram vit avec regret qu’il venait de lui causer de la peine.

— George, dit enfin l’oncle avec une douceur inaccoutumée, je désire que tu épouses Caroline. Va la trouver et fais la paix avec elle. Dis-lui, — s’il est besoin de lui dire quelque chose, — que je le désire.

— Ah ! mon oncle, je ne peux pas faire cela. Si la chose n’eût été certaine, je ne serais pas venu ici vous en parler.

— Cela ne peut pas être certain. C’est de la folie, de la vraie folie. Je ferai chercher Mary.

— C’était la première fois que Bertram entendait son oncle appeler mademoiselle Baker de son nom de baptême.

— Je n’y puis rien, mon oncle, ni mademoiselle Baker non plus. Personne n’y peut rien maintenant. Nous savons tous deux que ce mariage ne nous convient pas.

— Ne vous convient pas ! Quelle sottise ! Deux enfants ! deux imbéciles ! Je te dis qu’il vous conviendra ; il me convient, à moi.