Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/270

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exigeant et plus insupportable que ne le sont, en général, la vieillesse, la richesse et la maladie, quand elles se trouvent toutes trois réunies chez le même individu.

Lorsque Adela quitta Londres, M. Bertram permit même à mademoiselle Baker de l’inviter à venir passer quelques jours à Hadley, et Adela accepta l’invitation. En quittant Eaton-Square, elle se rendit donc tout droit chez M. Bertram, où elle se trouvait encore à l’époque où eurent lieu les événements racontés dans notre précédent chapitre.

Deux jours après l’entrevue de sir Henry avec sa femme, le facteur apporta à mademoiselle Baker, une lettre de lady Harcourt. Lorsque cette lettre arriva, mademoiselle Baker et Adela finissaient de déjeuner, et M. Bertram, entouré d’oreillers et ayant ses béquilles à sa portée, était assis dans un fauteuil, à sa place accoutumée, auprès du feu. Il ne quittait plus guère son fauteuil, si ce n’était pour se faire porter jusqu’à son lit ; cependant son œil était aussi vif, et son ton, quand il le voulait, aussi impératif qu’autrefois. Il restait là assis, tout paralysé et à peu près immobile : mais on sentait qu’il était encore maître dans sa maison, et maître surtout de son argent.

— Grand Dieu ! s’écria mademoiselle Baker d’une voix émue, avant d’avoir à moitié lu sa lettre.

— Qu’y a-t-il donc ? dit aigrement M. Bertram.

— Oh ! mademoiselle, qu’est-il donc arrivé ? s’écria Adela.

— Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu ! fit ma-