Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/271

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demoiselle Baker qui porta son mouchoir à ses yeux et se mit à pleurer à chaudes larmes.

— Mais qu’avez-vous donc ? De qui est cette lettre ? demanda encore M. Bertram.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! Tenez, Adela, lisez-la ! Oh ! monsieur Bertram, quel malheur !

— Qu’y a-t-il donc, mademoiselle Gauntlet ? Cette sotte ne me le dira jamais.

Adela prit la lettre et la lut tout entière.

— En effet, monsieur, dit-elle, c’est un grand malheur.

— Mais quel malheur, que diable ?

— Caroline est brouillée avec sir Henry, dit enfin mademoiselle Baker.

— Est-ce là tout ? dit M. Bertram.

— Je crains, monsieur, que cette querelle ne soit chose grave, dit Adela.

— Grave ! quelle bêtise ! Comment ça peut-il être grave ? Vous ne vous attendiez pas à les voir vivre ensemble comme deux tourtereaux, n’est-ce pas ? Il a fait un mariage d’argent ; elle a fait un mariage d’ambition : il va sans dire qu’ils doivent se quereller. Ainsi parla la sagesse de M. Bertram, et, il faut bien le dire, elle s’appuyait sur l’expérience.

— Mais, mon oncle, elle veut quitter son mari, et elle espère que vous lui permettrez de venir vivre ici.

— Vivre ici ! Joliment ! Que voulez-vous que je fasse de la femme de cet homme-là ?

— Elle déclare positivement que pour rien au monde elle ne consentira à vivre avec lui.