Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/272

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— Bah, bah !

— Mais, mon oncle…

— Mais à quoi s’attendait-elle donc ? Croyait-elle que toute sa vie serait couleur de rose ? Quand elle a épousé cet homme-là, elle savait fort bien qu’elle ne l’aimait pas ; et voilà maintenant qu’elle veut le quitter parce qu’il n’est pas aux petits soins pour elle ! Si elle tenait à tout cela, c’était mon neveu qu’il fallait prendre.

C’était la première fois que M. Bertram parlait avec affection de George, et mademoiselle Baker et Adela en furent très-étonnées. Jamais il ne leur avait donné à entendre que Caroline fût sa petite-fille.

M. Bertram resta inexorable pendant toute cette journée, refusant nettement de recevoir lady Harcourt chez lui, à moins qu’elle ne vînt avec la permission pleine et entière de son mari. Mademoiselle Baker fut donc obligée d’écrire à Caroline par le retour du courrier pour demander un délai d’un jour avant de lui donner une réponse définitive. Mais le lendemain matin M. Bertram reçut une lettre de sir Henry. Celui-ci disait que la saison de Londres étant près de finir, le moment serait opportun pour Caroline, en petite-fille affectueuse, d’aller passer quelque temps auprès de son cher grand-père. Il ne passa pas complètement sous silence la querelle conjugale, mais il se borna à y faire une légère allusion. Il en parla comme d’un nuage passager, fort regrettable assurément, mais qui se dissiperait sans doute bientôt, pour laisser reparaître le soleil plus brillant que jamais.