Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sembla les dire comme si elle ne se doutait pas qu’elle fût un point de mire pour tous les yeux féminins. Et quand le sermon fut achevé elle rentra chez elle à pied, d’un pas ferme et sûr, tandis que mademoiselle Baker se troublait à chaque salut qu’il lui fallait rendre, et tremblait chaque fois qu’elle entendait marcher derrière elle.

Cette après-midi-là, Caroline ouvrit son cœur à Adela. Jusque-là tout s’était borné entre elles à des serrements de mains, et à ces marques muettes de sympathie que l’on donne volontiers quand les douleurs que l’on voudrait consoler sont trop profondes pour que l’on ose les sonder avec des paroles. Ce soir-là cependant, après le dîner, Caroline appela Adela dans sa chambre, et de nouveau la confiance se rétablit entre elles.

— Non, Adela, jamais je ne retournerai vivre avec lui, disait Caroline. Il ne faut pas me demander de faire cela.

— L’homme ne doit point séparer ceux que Dieu a unis, répondit solennellement Adela.

— Sans doute, — ceux que Dieu a unis. Mais Dieu ne nous a point unis, lui et moi.

— Caroline, ; Caroline, ne parlez pas ainsi !

— Ne vous méprenez pas sur mes paroles, Adela. Ne croyez pas que je cherche à excuser ma conduite, ou même que je veuille me soustraire au châtiment. Je sais que je me suis perdue, en ce qui touche cette vie. Le jour où j’ai pu me décider à me présenter à l’autel avec un homme que je n’aimais pas, et que je savais ne