Si George Bertram le neveu n’avait pas été un imbécile, en effet, et plus aveugle qu’une taupe en ce qui touchait les choses de dessus terre, il aurait compris, d’après ce que venait de dire M. Bertram, qu’il pouvait non-seulement retrouver ses amours, mais, de plus, s’assurer du même coup l’héritage de son oncle. En tout cas, il en avait été assez dit pour qu’il pût compter, s’il le voulait, sur une bonne part de toutes ses richesses. Combien Pritchett se serait réjoui s’il avait pu entendre parler ainsi son vieux maître ! Mais combien il aurait gémi et soupiré ensuite, en voyant l’indifférence du jeune homme !
Mais George ne voulut rien comprendre. Il fallait qu’il fût sourd et aveugle, bête ou fou, car avait-on jamais entendu M. Bertram parler ainsi ? « Ce mariage me convient à moi ! » Et c’était un vieux bonhomme millionnaire qui disait cela à son unique neveu ! En somme, qu’exigeait-il ? Que George voulût bien se rapprocher d’une ravissante jeune fille qu’il aimait passionnément et dont il était aimé. Mais George, ainsi que nous l’avons dit, était un imbécile, une taupe, une taupe aveugle, une mule, — la plus têtue et la plus récalcitrante des mules. Il ne voulut pas céder d’une ligne, ni à son oncle ni à ses propres sentiments.
— Je regrette de vous déplaire, mon oncle, dit-il froidement, mais c’est impossible.
— C’est bon, répondit l’oncle en pinçant les lèvres et en se frottant les mains. C’est bon. Et là-dessus ils se séparèrent.
George retourna à Londres et commença les prépa-