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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/307

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elles avaient raconté à leurs nouveaux amis toute leur histoire — et peut-être quelque chose de plus. On resta six heures à Malte, et les quatre allèrent dîner ensemble à terre. Bertram acheta pour ces dames des voiles de dentelle maltaise et quelques mauvais camées ; et Wilkinson, égaré par son exemple, se vit forcé d’en faire autant. Ces trésors ne furent pas cachés sous le boisseau quand on rentra au bord, et il en résulta que le docteur O’Shaughnessy, le gros juge, madame Bangster et une foule d’autres furent plus convaincus que jamais qu’il y aurait là un double mariage.

Arthur Wilkinson commençait à éprouver des craintes. — Ma foi ! cette femme commence, à m’ennuyer, dit-il le lendemain matin à George, pendant qu’ils se promenaient ensemble sur le pont pour voir lever le soleil. J’en ai assez. Il me semble que nous nous donnons en spectacle.

— Nous donner en spectacle ! Que veux-tu dire ?

— Mais, en nous promenant tous les jours avec elles et en nous mettant toujours à leurs côtés.

— Quant à ce qui est de s’asseoir à leurs côtés, nous n’y pouvons rien. Chacun garde sa même place, et il faut bien être à côté de quelqu’un. Ce serait désobligeant de les laisser se promener seules.

— Je veux seulement dire que nous dépassons peut-être la mesure.

— Voilà ! dit George, toi, tu as quelqu’un à qui penser. Moi, je n’ai personne, si ce n’est cette petite veuve. Elle est gentille pour moi, et, quant aux dires du monde, je m’en moque.