Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/308

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Ce jour-là, Wilkinson se plongea dans la lecture et ne se promena pas avec madame Price, — négligence qui ne laissa pas que d’inquiéter cette dame. Mais, vers dix heures, comme à l’ordinaire, on pouvait voir Bertram faisant la promenade du pont avec madame Cox.

— Qu’a donc votre ami ? demanda-t-elle.

— Mais rien. Il commence à sentir le mal du pays, peut-être.

— J’espère qu’il ne s’est pas querellé avec Mina. Les deux dames en étaient venues à ce degré d’intimité qu’elles s’appelaient de leurs petits noms devant ces messieurs ; et Bertram avait plus d’une fois fait de même à l’égard de madame Cox, non pas en s’adressant directement à elle, mais bien en parlant d’elle en sa présence.

— Oh ! mon Dieu, non, dit Bertram.

— Parce qu’il semble si singulier qu’il ne lui offre pas le bras comme à l’ordinaire. Je pense que vous en agirez de même envers moi quand nous approcherons de Southampton ? Et elle leva les yeux vers lui avec un sourire enchanteur en pressant doucement le bras sur lequel elle s’appuyait ; puis, elle abaissa lentement ses regards vers le pont.

Ô lecteur, mon frère ! quand tu vois de pareils manèges se déployer vis-à-vis des autres hommes, ton cœur se gonfle de fiel et tu flétris hautement ces ruses, — qui sont si féminines, bien qu’elles soient indignes d’une femme. — Mais qu’éprouves-tu quand cette même comédie se joue à ton intention ? Le fiel est