Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qui voulez-vous dire, madame Price ?

— Je veux dire monsieur Bertram, madame Cox.

— Ah ! vous trouvez que c’est un cornichon ? sans doute, parce qu’il s’occupe de moi, au lieu de me planter là, comme d’autres ont planté là certaines gens de ma connaissance. Je comprends, ma chère.

— Vous comprenez très-bien, je n’en doute pas, dit madame Price. J’ai toujours ouï dire que vous compreniez beaucoup de choses.

— Il me paraît que vous ne comprenez rien, — sans quoi vous ne seriez pas continuellement à vous pavaner avec le capitaine Mac Gramm. Là-dessus ces dames se séparèrent, — sans effusion de sang.

Le dîner ne se passa pas très-agréablement. Madame Price accepta les soins habituels de M. Wilkinson d’un air imposant ; elle le remerciait de lui verser à boire ou de lui offrir un plat de façon à montrer clairement qu’ils ne s’entendaient plus aussi bien que par le passé. Entre George et sa chère Annie les choses marchaient un peu mieux ; pourtant ils ne semblaient pas tout à fait à leur aise. Madame Cox avait dit, avant le lunch, qu’elle ne connaissait pas assez M. Bertram pour lui avouer son amour ; mais, avec de la bonne volonté, on aurait pu considérer les heures qui s’étaient écoulées entre le lunch et le dîner comme une prolongation suffisante de leur connaissance. George cependant n’avait pas réitéré sa question, et n’était même pas resté seul un instant avec elle pendant toute l’après-midi.

Ce même soir, Wilkinson crut devoir mettre son