Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/32

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Le xérès était bon ; mais George regretta qu’on l’eût servi à son intention. Il devinait qu’on lui demanderait quelque chose en échange, et que ce quelque chose, il ne pourrait pas l’accorder.

À peine étaient-ils sortis de table que la demande fut faite.

— George, lui dit le vieillard, j’ai beaucoup réfléchi depuis l’autre jour à ce qui s’est passé entre Caroline et toi. Et, vieille bête que je suis, j’ai mis dans ma tête de vous voir mariés !

— Ah ! mon oncle !

— Voyons, écoute. Je désire ce mariage, et ce que tu m’as dit m’a fort tourmenté. Eh bien ! je te crois un honnête garçon, et, malgré ton entêtement, je ne te suppose pas capable de me faire de la peine si tu pouvais l’éviter.

— Pas si je pouvais l’éviter, mon oncle, — pas si je pouvais l’éviter, je vous en réponds.

— Tu peux l’éviter. Mais écoute-moi donc. Un vieux bonhomme comme moi qui veut satisfaire ses fantaisies doit s’attendre à les payer. Je sais cela à merveille. Je ne te demande pas pourquoi tu t’es brouillé avec Caroline. C’est probablement à propos d’argent ?

— Non, mon oncle, l’argent n’y est pour rien.

— Bon ! bon ! Je ne demande pas à savoir. Un revenu très-restreint est souvent une cause de mésentendus. Toujours est-il qu’envers moi tu t’es toujours montré honnête et loyal. Tu ne ressembles en rien à ton père.

— Mon oncle, mon oncle…