Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sait bien son caractère. Il ne lui répondit pas immédiatement, et resta quelques instants à mordiller silencieusement la pomme de sa canne.

— Voici ce que c’est, madame Cox, dit-il enfin, je n’aime pas ces sortes de choses.

— Vraiment ! Et quelles sortes de choses aimez-vous ?

— Je vous aime, vous.

— Bah ! Dites-moi donc quelque chose de nouveau, puisque vous tenez à me parler.

— Allons, Annie ! parlons sérieusement un instant. Il ne nous reste plus beaucoup de temps, et je suis venu vous trouver pour tâcher d’obtenir une réponse franche.

— Si vous voulez une réponse franche, vous feriez mieux de faire une franche question. Je ne sais ce que vous voulez dire.

— Voulez-vous de moi ? Voilà, j’espère, une franche question, quand le diable y serait.

— Et que ferais-je de vous ?

— Mais votre mari, bien entendu.

— Ha ! ha, ha, vous en êtes venu là ! Que disiez-vous donc au docteur O’Shaughnessy quand nous étions devant Point-de-Galles ?

— Eh bien ! qu’est-ce que j’ai dit ?

— Vous vous le rappelez très-bien, et moi aussi. Si je vous traitais comme vous le méritez, je ne vous reparlerais de ma vie.

— Vous comprenez qu’un homme n’aime pas à être berné et joué devant toute une société, dit le major,