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Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/338

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les yeux fixés à terre, et Bertram, en le voyant, les mains fourrées dans les poches, agiter convulsivement la monnaie qui s’y trouvait, commença à pressentir que l’entrevue pourrait bien n’être pas d’une nature tout à fait amicale.

— J’ai appris avec peine, Harcourt, que vous étiez au nombre de ceux qui ont quitté le gouvernement.

— Au diable le gouvernement ! Je ne suis pas venu ici pour vous parler du gouvernement. Avant huit jours le vieux de Hadley sera mort. Savez-vous cela ?

— J’ai appris qu’on ne lui donnait pas longtemps à vivre.

— Pas seulement une semaine. Sir Omicron lui-même me l’a dit. Vous avouerez, Bertram, que j’ai été bien maltraité.

— Ma foi ! mon cher, je n’en sais rien.

— Allons donc ! quelle plaisanterie !

— Il ne s’agit pas de plaisanterie ; je vous dis que je n’en sais rien. Je suppose que vous faites allusion à l’argent de mon oncle ; et je vous répète encore que je ne sais rien, — et que je ne me soucie de rien savoir.

— Laissez, donc ! je déteste cette façon de parler, je déteste cette hypocrisie.

— Harcourt, mon cher…

— C’est de l’hypocrisie. Je ne me sens pas d’humeur à éplucher mes mots. J’ai été traité horriblement mal, — horriblement mal par tout le monde.

— Par moi, entre autres, hein ?

Sir Henry eût été enchanté, dans l’humeur où il se trouvait, de répondre : oui, et d’accuser Bertram d’a-