Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/397

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— Qui donc est ici ? demande sir Henry. Qui demeure dans la maison en ce moment ?

— Monsieur George, répondit la jeune fille, qui par prudence dit d’abord ce nom ; et mademoiselle Baker, monsieur.

— Lady Harcourt est ici, je pense ?

— Oui, monsieur, milady est au salon, dit la femme de chambre, et elle tremblait comme une feuille en faisant cette réponse.

Sir Henry eut un instant l’idée de passer outre, sans souci de la pauvre fille effrayée, et se présenter devant les deux dames. Mais que gagnerait-il à cela ? Sa colère contre les habitants de Hadley ne l’empêcha pas de se poser cette question. S’il était là en face de Caroline, si un regard de lui pouvait la faire tomber à ses genoux, de combien en serait-il plus riche ? Quelles dettes cela payerait-il ? Jadis il avait aimé sa femme d’une certaine, façon, mais ce temps-là était passé. Toute sa tendresse s’était évanouie le jour où lady Harcourt s’était donné tant de peine pour lui prouver combien elle le méprisait. Le plus sage était de se servir d’elle, — de ne point la molester tant que vivrait son grand-père. Le vieil avare mort, il serait temps de se venger. En attendant ce moment, sir Henry ne gagnerait rien à pousser sa femme à bout. Toutes réflexions faites, il dit à la domestique qu’il désirait voir M. George Bertram.

Le hasard voulut que George et lady Harcourt fussent ensemble au salon, et que mademoiselle Baker fût en ce moment occupée à veiller le malade au pre-