Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/398

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mier étage. Le salon touchait au vestibule, et Caroline, toujours inquiète, reconnut aussitôt la voix de son mari.

— C’est sir Henry, dit-elle en se levant toute pâle, comme si elle eût voulu chercher quelque asile protecteur. Bertram n’entendait rien, mais il se leva aussi. — Êtes-vous sûre que ce soit lui ? — J’ai parfaitement reconnu sa voix, dit Caroline tout bas et en tremblant. Ne me quittez pas, George. Quoi qu’il arrive, ne me quittez pas. Ils s’appelaient maintenant de leurs noms de baptême, ainsi qu’il est d’usage entre cousins. Depuis leurs adieux d’Eaton-Square leurs rapports n’avaient jamais été que ceux que comportait leur parenté.

On ouvrit la porte, et la domestique annonça d’une voix lugubre que sir Henry désirait voir M. George.

— Faites-le entrer dans la salle à manger, dit George. Au bout d’une minute il suivit la femme de chambre, et se trouva encore une fois en présence de son ancien ami.

Sir Henry avait un air plus sombre et plus menaçant encore qu’à sa dernière entrevue avec George. Son visage montrait les traces de fatigue et d’inquiétude, et il semblait avoir dix ans de plus que son âge. Sans attendre que George lui adressât la parole, il commença :

— Bertram, dit-il d’une voix qu’il voulait rendre sévère, il y a ici deux personnes que je désire voir : votre oncle et ma femme.