Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/42

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en mouvement ; mais même un roi-citoyen a besoin d’être remonté de temps à autre, et, en définitive, il se trouvait que les alchimistes politiques étaient de nouveau penchés sur leurs creusets.

Aujourd’hui l’œuvre est achevée. Le laboratoire est fermé. Le philosophe, — sa tâche terminée, — est rentré dans le repos dont il devait avoir grand besoin. Les penseurs, — même les penseurs français, — vivent satisfaits. Le sucre et la chandelle se vendent… et se payent, et une trentaine de théâtres sont ouverts tous les soirs à des prix fort modérés.

Notre jeune philosophe, en proie à son chagrin, resta trois mois à Paris, réfléchissant à toutes ces choses, et s’occupant de son futur volume. Nous ne le suivrons pas pendant son séjour. Son nom était déjà assez connu pour assurer son admission parmi les hommes éclairés qui, bien qu’ils ne fussent encore parvenus à rien établir, avaient du moins réussi à faire douter de tout. Pendant que Bertram était à Paris, le ministère anglais fut renversé. Sir Robert Peel, après avoir fait rappeler la loi des céréales, se trouva assis par terre entre deux partis, et le numéro du Times qui contint la première liste authentique des membres du nouveau gouvernement, donna le nom de sir Henry Harcourt, comme solliciteur général de Sa Majesté.

Au bout de trois mois, Bertram revint en Angleterre, ayant acquis dans l’intervalle beaucoup d’idées nouvelles sur le gouvernement de l’humanité en général. Son volume n’était pas encore achevé, de sorte qu’il mit ses manuscrits dans sa valise en se rendant, selon