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CHAPITRE XLVI


EATON-SQUARE.


Sir Henry Harcourt avait le premier quitté le salon où l’on avait fait la lecture du testament, et il était parti en proférant des menaces. Mais il savait mieux que personne que c’était là une bravade sans portée. Le testament était parfaitement bon, et l’ex-solliciteur ne pouvait l’ignorer.

Il savait aussi que le secours de la police ne suffirait pas pour le remettre en possession de sa femme, et de plus il comprenait à merveille qu’en supposant qu’il pût la reprendre de force, cela ne lui servirait de rien. Sa femme ne payerait pas ses dettes ; sa femme ne lui donnerait pas un intérieur heureux ; sa femme, en un mot, ne pouvait plus lui être utile à rien. Tout ce qu’il avait dit n’avait été qu’une vaine bravade. Mais quand les hommes sont acculés au mur, qu’ils se sentent cernés de tous côtés, sans espoir de salut, à quoi peuvent-ils avoir recours, si ce n’est à la bravade ? Pour sir Henry, la partie était perdue, et personne ne le savait mieux que lui.