Aller au contenu

Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

George dans sa première enfance, et cela lui donnait le droit de lui parler maternellement. Elle pouvait s’entretenir avec lui de ses déjeuners et de ses dîners, de son linge et de ses boutons, et faire allusion à sa vie de garçon. Toute la soirée s’écoula en cette sorte de conversation. Adela ne disait presque rien. Les demoiselles Wilkinson, assez gaies d’ordinaire, étaient attristées par le chagrin d’Adela, et préoccupées de ce qu’elles savaient des affaires de Bertram. Madame Wilkinson brûlait d’aborder ce dernier chapitre, mais elle avait pris la résolution de s’en abstenir pendant la première soirée. Elle se renferma donc à peu près dans la question des boutons, et se permit seulement quelques allusions à ses chagrins personnels. Elle laissa voir qu’elle n’était pas aussi heureuse avec son fils qu’on aurait pu le désirer. Elle n’articula, il est vrai, aucun grief contre Arthur, mais elle parla de lui avec une certaine hostilité sourde, et donna à entendre qu’il n’était pas assez reconnaissant du soin qu’elle prenait de lui.

Le soir même, il fut un peu question de George Bertram dans la chambre d’Adela, quand les jeunes filles allèrent se coucher.

— Je suis sûre qu’il ne le sait pas encore, dit Sophie.

— Caroline m’a assuré qu’elle lui écrirait, dit Adela ; si elle ne le faisait pas, ce serait mal de sa part, très-mal.

— Sois sûre qu’il ne le sait pas encore, reprit l’autre. N’as-tu pas remarqué la manière dont il a parlé de M. Harcourt ?