Aller au contenu

Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— De sir Henry Harcourt, interrompit Mary.

— Je n’ai rien entendu, dit Adela.

— Oui, il en a parlé. Il a dit quelques mots de la chance qu’avait eue Harcourt. Il n’aurait pas parlé comme cela s’il avait su la nouvelle.

— Je ne crois pas qu’il serait venu ici s’il l’avait sue, dit Mary — ou, du moins, il aurait laissé passer un peu de temps.

Le lendemain, comme on était à déjeuner, deux lettres furent remises à Bertram. Ce fut alors qu’il apprit la chose, — et seulement alors. On était à la fin du mois d’août, et dans le courant du mois de novembre suivant — vers la fin de novembre, — sir Henry Harcourt, le solliciteur général de Sa Majesté, le représentant de Battersea, devait s’unir en mariage à mademoiselle Caroline Waddington, petite-fille et héritière présumée de M. Bertram, le grand millionnaire. Quel homme était plus favorisé de la fortune que sir Henry Harcourt ? En politique, en amour, et jusque dans ses ambitions de richesse, tout lui réussissait. Sir Henry était l’homme de l’avenir. Dans les clubs, il y avait des gens qui prétendaient qu’il allait abandonner sa profession pour se dévouer entièrement à la politique. Ce serait, disait-on, un excellent secrétaire de l’intérieur. Le vieux Bertram, disait-on encore, avait fait des promesses magnifiques à sir Henry et à sa petite-fille. Le mariage aurait lieu à Hadley, en présence du vieillard ; le bonhomme était enchanté du mariage, etc., etc. Qui donc était plus heureux, plus grand ou plus fortuné que sir Henry Harcourt ?