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gómez arias.

nuellement en butte à des mépris qui révoltaient mon orgueil et qui m’entretenaient dans des sentimens que l’obscurité de ma naissance ne faisait qu’exaspérer. De quelque côté que je tournasse les yeux, je ne voyais pour moi qu’un vaste désert au milieu de la société qui me rejetait, et dont les idées ne sympathisaient pas avec les miennes. La nature m’avait créé malheureux, et avait eu la barbarie de me donner une sensibilité qui devait me faire sentir plus vivement à quelle vie pénible j’étais condamné ; et la laideur de mon physique contribuait encore à justifier l’horreur que j’inspirais.

— Une telle existence devait être insupportable, dit Cañeri.

— Elle aurait pu l’être pour un esprit faible, reprit le Renégat avec noblesse ; mais non pour moi, et l’injustice même de mon sort me donnait le