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PRÉFACE



La légende d’Ourashima, si populaire au Japon, n’est pas entièrement ignorée en Europe. Nos enfants mêmes ont pu la lire, en abrégé, dans une de ces traductions sur papier crêpe qui ont vulgarisé en Angleterre et en France les plus jolis contes japonais. Mais pour la bien connaître, il faut remonter à ses origines, plus que millénaires, et d’abord à un vieux mythe du Kojiki, la Bible japonaise, où l’on peut trouver déjà l’idée essentielle de ce récit fameux.

Le divin Ninighi, que la déesse du Soleil avait envoyé sur terre pour y fonder la dynastie japonaise, eut deux fils, Ho-déri et Ho-wori, dont l’un se fit pêcheur et l’autre, chasseur. Un jour, Ho-wori proposa à Ho-déri un échange de leurs vocations, pour tenter à son tour la fortune de la mer ; mais il perdit l’hameçon de son frère aîné, qui l’accabla de reproches. Comme il se lamentait sur le rivage, le vénérable dieu des Eaux salées lui conseilla d’aller s’informer auprès de Toyo-tamahimé (la Princesse aux riches joyaux), fille du dieu de l’Océan. Ho-wori partit donc sur les chemins de la mer